Alec était perdu dans ses pensées pendant que le bourgeois qui marchait d'un pas tranquille lui expliquait comment il faisait une bonne affaire en lui achetant tous cet équipement militaire. Le n'arrêtait pas de lui vanter les mérites des épées et des boucliers qu'il faisait lui-même. Mais le jeune homme n'était pas intéressé par les armes que lui promettait le marchand, ni même à la vente qui aurait bientôt lieu. Il avait la responsabilité de tuer cet homme qui volait ses confrères forgerons et qui faisait du mauvais commerce en faussant les composantes de l'épée pour que le tout lui coûte moins cher. Les acheteurs se faisaient flouer et ceux-ci, d'un commun accord, avaient décidé de s'en débarrasser définitivement. C'était Élaura et lui qui avaient reçu un bon montant pour faire le sale boulot.
L'assassin s'était fait passé pour le fils d'un marchand qui venait faire des affaires pour son père qui était intéressé à faire l'achat de nouvelles armes pour sa garde personnelle qui comptait que quelques hommes pour protéger la marchandise durant les voyages. En faisait cela, Alec pouvait s'approcher assez près de l'homme pour qu'ils puissent le tuer sans que les soupçons se porte sur lui ou sur sa compagne. Le plan était simple. Alec s'arrangeait pour que lui et l'homme soit dans un endroit éloigné, à l'abri des témoins de l'éventuel assassinat. Quand l'adolescent ferait signe à Élaüra de le tuer, Alec ferait le pauvre témoin qui n'avait pas été assez rapide pour arrêter ''l'immonde'' assassin alors qu'il faisait son travail. Il était aussi prêt à protéger la jeune femme si cela tournait mal et à l'aider à fuir avant que les gens qui auraient entendu ses cris viennent le rejoindre. En utilisant cette technique, ils étaient lavés de tout soupçon puisqu'Alec donnait une fausse description de l'assassin et qu'on ne soupçonnait jamais celui qui accompagnait la cible.
Lui et l'homme marchaient sur la grande place depuis plusieurs minutes maintenant. L'artisan fourbe avait montré à Alec toutes ses ''meilleures'' armes et ils se préparaient à finir la transaction à la banque. Les cheveux attachés dans son dos et les vêtements chers qu'il avait volé avant de se présenter au marchand ne laissaient aucun doute sur le rang que le jeune homme avait emprunté. Élaüra avait bien rit en le voyant dans ces vêtements qui n'était absolument pas son style. La jeune femme aurait surement fait une meilleure bourgeoise qu'Alec, mais le forgeron ne l'aurait pas prise au sérieux. Une jeune femme ne faisait pas des affaires avec les marchands, elle devait rester à la maison pour les enfants. Si Élaüra s'était pointé à sa place, la cible aurait eu un doute. Et un doute était la pire chose qui pouvait arriver dans leur travail.
Les assassins avaient surveillé les déplacements de leur cible durant quelques jours pour savoir où l'attaquer. Ils avaient donc remarqué qu'il avait la mauvaise habitude de passer dans une ruelle déserte pour aller vers la banque du quartier. C'était l'endroit idéal pour l'attendre et veiller à se que le travail soit bien fait. Aucun témoin ne remarquerait l'assassinat jusqu'à ce qu'Alec les avertisse.
Alec marchait donc avec tranquillité vers la fameuse ruelle avec l'artisan, mais s'il semblait en peine possession de ses moyens, le jeune homme bouillait de l'intérieur. Il avait hâte de voir le sang couler sur le sol. Même si ce n'était pas lui qui allait enfoncer le couteau dans la chair, le jeune homme en trouvait quand même du plaisir. Quand les deux hommes entrèrent dans la ruelle, Alec attendit qu'il soit à mi-chemin de la sortie, loin des regards, pour faire mine de trébucher, ce qui arrêta quelques instants le marchand qui essaya de le rattraper pour qu'il ne se retrouve pas face contre terre.
C'était le signal qu'attendait Élaüra.