Dans un coin de la bibliothèque

Adèlia continua son manège, sans ménagement. Elle eut un léger rictus de mécontentement en tombant sur un nouveau livre qui parlait dont ne sait quoi, mais qui était dépourvu de la moindre illustration. Elle finit par attraper un livre avec pleins d’image de feuille… Cela sembla la contenter parce qu’elle sortie de la rangée. Les yeux rivés sur le livre, elle ce tapa malencontreusement le pied sur une des bibliothèque qui ce mit à tanguer dangereusement.

Adèlia prononça quelques mots inaudibles, mais on ce doute tout de même de ce que ça signifiait. Elle jeta un coup d’œil à son gros orteil qui venait d’absorber le choc sans remarquer que la bibliothèque continuait de tanguer d’un côté comme de l’autre, comme si elle ne ce déciderait jamais à se remettre en place. Elle reprit sa marche vers une table et son regard absent croisa brièvement celui du serviteur, sans pourtant sembler le regarder. Comme si la bibliothèque instable avait attendu ce moment, dès que Add eut posé son derrière sur la chaise, la bibliothèque s’écrasa dans un énorme tintamarre. Les livres s’éparpillaient pêle-mêle au sol et tout le monde leva un regard ébahi en direction de la bibliothèque qui venait de s’effondrer. Tout le monde, sauf Adèlia qui regardait les images de son livre.

À l’extérieur, Toundra passa sa tête par la fenêtre pour voir ce qui ce tramait. Ses yeux ce posèrent sur le bordel provoqué par la chute des livres et il s'esclaffa encore avant de remettre sa tête dehors.

Doryan la suivit des yeux un instant. Elle semblait enfin avoir trouvé un livre qui lui plaisait. Il inclina la tête sur le côté pour voir de quoi il s’agissait : un livre d’enfants. Doryan paru surpris un instant et se remit à l’ouvrage sans réel intérêt. Il entendit un DONG puis un léger tremblement qui s’accentua. Il vit une profonde frayeur se dessiner sur le visage de la gardienne. Elle mit ses mains sur son visage et se mit à hurler des injures en direction d’Adélia puis des ordres sur le même ton à Doryan.
Les premières planches des étagères sautèrent le reste suivit pour s’écraser au sol en un amas de feuilles volantes et de couvertures abîmées. La gardienne poussa un cri hystérique et chassa tout le monde hors de la bibliothèque pour se morfondre sur cette catastrophe.
Passant près du bureau, Doryan en profita pour récupérer le livre aux enluminures et le mettre dans un coin ou il pourrait facilement le retrouver le soir venu. Il quitta la pièce, soulagé que ce ne soit pas à lui de ranger tout ce bazar… mais sa journée n’était pas finie. Il aurait sans doute autre chose à faire d’ici là.

Tout le monde était sortit lorsqu’Adèlia sembla comprendre qu’il ce passait quelque chose. Elle leva des yeux vagues vers la scène. Vit les livres sur le sol sans comprendre. Son regard alla de la bibliothèque qui avait chuté, puis vers la gardienne. Elle eut un petit rictus. Laissa aller de nouveau son regard vers la bibliothèque, puis vers la gardienne, comme si elle ne comprenait pas, puis un éclair de compréhension traversa son regard. Elle ouvrit la bouche comme si cela lui demandait un effort considérable de parler et dit, presque dans un murmure.

-C’est vous qui avez fait tomber cette bibliothèque?

La gardienne la regarda comme si elle était complètement cinglée.

-Ce n’est pas…

Adèlia eut un nouveau rictus.

-Il n’y a que vous et moi ici.

-Mais c’est vous qui…

Les yeux d’Adèlia exprimèrent à la fois l’incompréhension et le désarroi. Toundra passa sa tête à l’intérieur et poussa un grognement en direction de la gardienne. Adèlia s’approcha tranquillement de la gardienne.

-Vous… vous ne m’accusez quand même pas d’avoir fait tomber cette bibliothèque.

Il y eut un long silence. Un couteau s’enfonça brutalement dans le genou de la gardienne. La main d’Adèlia avait été rapide, si bien qu’il fallut un certain temps avant que la gardienne ne s’aperçoive de sa propre douleur. Adèlia regarda le couteau plein de sang et sembla dégouté. Son couteau était sale. C’était dégoutant. Ou était tout son éclat!? Elle entreprit de laver le couteau à l’aide du tissu de son haut de vêtement tout en se dirigeant vers la porte. Elle revint sur ses pas en voyant un livre qui n’était pas rangé, là dans un coin. Elle rangea son couteau et attrapa le livre. Le feuilleta. Pas beaucoup d’image, quel ennui! Elle le prit tout de même et sortit de la bibliothèque. Il y eut de nouveau un grand vacarme comme si une autre bibliothèque venait de tomber… Il devait réellement y avoir un problème de fabrication avec ses bibliothèques!

Adèlia prit le long corridor, son joli livre à la main, les yeux de nouveau dans les vapes, comme pour se reposer de c’être si longtemps plongé dans la réalité!

Doryan était à peine sortit de la bibliothèque qu’il y eut un nouveau claquement. Il se retourna dans le large corridor et vit Adélia qui en sortait. Il plissa les yeux, elle tenait le livre qu’il avait repéré, c’était un comble tout de même qu’une tête de linotte comme elle puisse profiter de ses merveilleuses pages.
Il entendit un cri venant toujours de la bibliothèque. Ça semblait être un cri de douleur étouffé par des pleurs. Ice marcha en direction de la pièce et retrouva la femme, assise sur le papier blanc qui était teinté de rouge. Elle tenait avec douleur son genou et pleurait derrière ses lunettes.

-Emmènes-moi à l’infirmerie au lieu de me regarder me vider de mon sang, petit idiot !

Doryan l’aurait bien laissé là ! Personne ne lui avait demandé de faire demi-tour et il n’aurait pas plus de remerciement en l’amenant jusqu’à l’infirmerie. Il ne comprit pas vraiment comment elle avait pu se blesser de la sorte mais imaginait aisément que la jeune fille de tout à l’heure devait avoir quelque chose à se reprocher dans cette histoire.
Il attrapa la gardienne dans ses bras et quitta la salle pour se diriger d’un pas rapide vers l’infirmerie. Il avait hâte de se débarasser de ses gémissements et de son incroyable odeur de vieux livres, comme si elle n’avait jamais quitté cette bibliothèque au point que la moindre odeur de page humide était venue se coller à elle.

À la sortie de la bibliothèque, Toundra attendait patiemment, bloquant tout le corridor. Il fallait quand même être rapide pour être entrer si vite par une fenêtre et venir s’asseoir là. Adèlia c’était, quant à elle, assise dans le corridor et feuilletait le livre avec nonchalance. C’était d’un ennui mortel… comment des gens pouvaient-il passer des heures à lire de tels idioties!

Adèlia continua de feuilleter le livre un moment pour laisser au serviteur le temps de comprendre que pour passer il lui faudrait emprunter le chemin bloqué par Toundra. Elle leva la tête du livre et son regard vide se dirigea vers le serviteur qu’elle dévisageait comme si elle avait voulut regarder à l’intérieur de lui, mais qu’elle avait passé tout droit. Un silence s’installa, brisé par les gémissement de la gardienne qui n’allait pas jusqu’à risquer de dire quelque chose contre Adèlia. Elle avait au moins comprit que ce n’était pas une bonne idée.

Adèlia semblait visiblement attendre une réaction du serviteur… En fait, elle ne semblait pas vraiment attendre. Son esprit était ailleurs. Toundra, plus alerte fixait l’homme. Le dragon s’écrasa un peu plus dans le corridor de sorte qu’il aurait fallut au serviteur, marcher sur le dragon pour espérer passer.

Doryan jeta les yeux au ciel en apercevant cette femme dans le couloir et bien plus encore le dragon. Il commençait à croire qu’ils en faisaient exprès et Doryan détestait les gens pour qui faire tourner les autres en bourriques était un jeu. La Gardienne s’agrippa à son cou en voyant Adélia assise sur le sol. Il pouvait sentir la peur et son cœur qui battait la chamade contre lui.
A ce stade, il comprit qu’elle ne lui reprocherait aucune de ses initiatives ce qui lui arracha un léger sourire. Il releva le regard vers Adélia et son dragon.

- Cette femme est blessée et souhaiterait se rendre à l’infirmerie… je fais appel à votre bon sens pour me laisser passer.

Doryan fit quelques pas supplémentaires vers l’avant et s’arrêta pour qu’on lui laisse le passage. La gardienne n’osait même plus gémir et lui déchirait le cou avec ses ongles. Il espérait que ça finirait vite. Il avait du travail ailleurs et ne voulait pas passer toute la nuit à nettoyer les couloirs.

Adèlia ne bougea pas, fixant toujours le vide. Tranquillement son regard se dirigea vers la gardienne. Elle baissa les yeux sur la blessure ensanglantée et sembla reprendre un contact avec la réalité. Ses sourcils se froncèrent et elle regarda le sol. Des traces de sangs! Elle salissait le beau plancher avec son sang et ensuite elle espérait qu’Adèlia les laisserait passer! Adèlia fit un signe que non et se leva.

-Elle doit passer par la fenêtre. Elle sali le plancher.

Toundra observait la scène sans rien dire. Adèlia ce dirigea vers le serviteur et la gardienne en fixant la flaque de sang qui grossissait à mesure que des gouttes tombaient de la blessure.

-Laisse la moi.

Adèlia attendait que le serviteur la laisse s’occuper de la gardienne.

Doryan réajusta sa prise sur la gardienne. Cette vieille femme commençait à lui peser sur le bout des bras et elle s’était mise à gesticuler de désespoir lorsqu’Adélia s’était avancée. Bon sang, cette journée était loin de ressembler à toutes les autres ! A ce rythme, il allait devoir se mettre en conflit direct avec cette fidèle et il n’avait pas envie de faire état de son talent caché surtout pour un combat qu’il perdrait de toutes les façons possibles.

Il ne put s’empêcher de pouffer de rire lorsqu’elle lui demanda de la faire passer par la fenêtre. Il ne s’imaginait pas qu’elle était sérieuse et trouvait ça plutôt amusant. Ainsi cette étrange femme avait de l’humour ? Il regarda ce livre qu’elle avait feuilleté avec perplexité un peu avant son entrée dans le corridor. Il libéra une de ses mains et le pointa du doigt.

- Si vous voulez, je pourrai vous faire la lecture… mais il faudrait me laisser passer.

Il blottit la gardienne contre lui. Sa phrase n’était rien de moins qu’un refus courtois de lui laisser la gardienne. Celle-ci reniflait silencieusement dans son habit de travail, ce qui lui arracha un air dégouté. Si après ça, il ne méritait pas un bonus sur ses heures de travail alors le monde était mal fait

Ses yeux vinrent ce planter dans ceux du serviteur et, cette fois, il n’y avait nul trace d’absence dans son regard.

-T’insinues quelque chose toi.

-Tout doux Add!

Les paroles du dragon avaient été lancé sur un ton calme et apaisant et on pouvait remarquer un brin de lassitude comme si le dragon avait l’habitude de prononcer ses paroles plusieurs fois par jour. Adèlia fixa un moment le serviteur avant de diriger la tête vers le couteau qu’elle tenait maintenant entre ses mains. Son geste avait été si vif qu’elle même ne c’était même pas aperçue qu’elle l’avait sortit de sa ceinture. Elle observa un moment le reflet des chandelles sur la lame.

Elle rangea le couteau à sa ceinture en fixant la flaque de sang, les yeux à nouveau absents.

-Do… Doryan c’est ça. Dodo Dorian…

Adèlia eut un petit ricanement et leva brusquement la tête pour fixer la gardienne. La garce continuait de salir son plancher. Elle reprit brusquement un de ses couteaux et vint le planter dans le cou de la gardienne.

Le serviteur soutînt son regard comme il n’était pas permis pour un serviteur de le faire. Il se retînt de lui répondre un « je devrais ? » lourd de sens mais tout passa dans ses yeux. Le dragon vînt calmer la situation qui était sur le point de dégénérer autant pour elle que pour lui. Il posa un œil sur ses couteaux qui étincelaient à la lueur des bougies, ils étaient plus beaux que le sien mais il ne fallait pas s’en étonner quand on bricole un couteau avec trois fois rien.
Elle les rangea dans sa ceinture. Il parut surpris qu’elle connaisse son nom ! Il ne connaissait pas beaucoup de nobles, près à apprendre les noms des serviteurs du château, même la gardienne l’ignorait.

Doryan jeta un coup d’œil devant lui pour voir si une voie aussi petite soit-elle s’était ouverte mais l’animal bouchait encore le couloir. Un éclat de lumière vînt soudainement se refléter dans son œil. Il tendit la main instinctivement vers le bras de cette « miss couteau ». La lame était entrée dans le cou de la gardienne qui avait poussé une plainte sinistre mais l’intervention de Doryan lui avait visiblement sauvé la vie. Il repoussa le bras d’Adélia en arrière et tendit sa main vers l’avant pour tenter de stopper cette folie soudaine. Il l’avait touché ! Il avait touché un rang supérieur ! ça allait être sa fête mais son geste avait été plus rapide que sa pensée et heureusement car sinon elle serait morte. La gardienne peu soutenue laissa le bas de son corps rejoindre le sol couvrant la flaque de sang de sa robe de velours noire.

- On se calme ! Les fidèles ne devraient pas se battre entre eux et puis cette femme n’est pas un danger pour vous ! Etes-vous si lâche que vous vous attaqueriez à une femme blessée et sans défense ?

Un sourire apparut sur le visage de la jeune femme alors que son regard était fixé sur le bras qui avait arrêté son geste. Elle dégagea son bras et ne tenta pas de nouvelles attaques. Elle essuya lentement le couteau avec son haut de vêtement et vérifia qu’il était bien propre. Elle le rangea, jeta un regard à son vêtement qui commençait à être sale. Eurk.

Toundra c’était relevé pour dégager le passage, comme s’il n’avait attendu que ça. Avant qu’il ne se dirige vers l’infirmerie, Adèlia s’adressa à Doryan en continuant de fixer son vêtement maculé de sang.

-J’ignorais que de laver les tables de la bibliothèque donnait de tels réflexes.

Elle ricana d’un air absent et son regard ce fixa de nouveau sur les taches de sang au sol. Elle murmura quelque chose d’un air épouvanté. Il fallait laver ça avant que ça ne sèche! Toundra s’éloigna dans le corridor pour trouver quelqu’un pour ramasser les dégâts de la gardienne, sachant qu’Adèlia ne pourrait pas dormir tranquille sinon.

C’était aller un peu loin cette fois-ci et Doryan s’attendait à avoir un avertissement ou une punition… Il était même sûr de passer un sale quart d’heure avec cette femme impulsive mais il fallait croire que la bonne étoile était de son côté. Il n’eut à subir aucune violence de sa part. Il se dit qu’il était temps de reprendre ce rôle de petit serviteur innocent lorsqu’elle lui fit mention de ses réflexes. Il valait mieux se contenter de ne rien dire. Il inclina la tête, repris la gardienne qui avait perdue connaissance et marcha en direction de l’infirmerie.

- Bonne journée Madame !

Adèlia continuait de fixer la flaque de sang nerveusement. Elle murmurait des choses inaudibles, lorsque Toundra revint finalement accompagné de trois serviteurs prêts à faire le ménage. La dragonne regarda Adèlia.

-Viens, il faut que tu te changes.

Adèlia détourna la tête vers la dragonne sans la voir. Elle sembla perdue un moment et ne comprit pas pourquoi elle devait ce changer. La dragonne soupira et s’approcha de son jeune maitre pour la pousser du museau vers sa chambre. Adèlia eut un air agacé. Elle savait marcher toute seule! Non mais! Elle se dirigea vers sa chambre sans dire un mot, Toundra sur les talons.

» Coin d'eau
» L'auberge du coin
» Dans la foule (Libre)
» Mot commun dans les titres de musique